À vélo sur Troyes et l'agglo.

Un casque de vélo, de quoi ça nous protège vraiment ?

Difficile de savoir vraiment à quoi sert un casque de vélo. Dans le décret d’obligation du port du casque pour les enfants de moins de 12 ans, il y est mentionné qu’un casque vélo protège le visage, pourtant c’est faux.

Nous nous sommes procuré un document sur la norme française NF EN 1078/A1, malheureusement interdit de diffusion. Décryptage.

La NF EN 1078/A1 est tout de même disponible succinctement sur Wikipédia(en).
Ce document sert à l’homologation des casques de vélo sur le marché français. Ils doivent donc être capables de résister aux mesures y étant indiquées pour pouvoir être vendus.

Regarde, Johnny, pas une égratignure sur sa tête ! C’est pourquoi tu devrais penser à toujours porter un casque à vélo ! Dessin de Wulff & Morgenthaler dans Politiken.

Un casque est destiné à protéger les tempes, le front, l’arrière, les côtés et le sommet de la tête. Le test de résistance se contente de deux chocs. Un choc avec une enclume plane et un choc avec une enclume « bordure de trottoir ».
La capacité d’absorption des chocs se résume à obtenir une accélération maximale inférieur à 250 g (250 * 9,81m/s^2).
Pour le choc avec l’enclume plane, le test se fait à une vitesse de 5,42m/s (19,5km/h).
Celui avec l’enclume « bordure de trottoir » se fait à une vitesse de 4,57m/s (14,4km/h).
Soit, respectivement, une chute de 1497mm et 1064mm du casque avec une fausse tête sur les enclumes.

Pour résumer le test, voici une courte vidéo d’un vendeur de machine:

L’enclume visible sur la vidéo ne correspond pas à celles employées pour la NF EN 1078, mais c’est globalement le même mode opératoire pour l’homologation française.

Que retenir de tout ceci ?
Le casque est seulement prévu pour au moins résister à une chute libre d’une hauteur de 1,5m en tombant sur la route (surface plane), ou 1m en tombant sur une bordure.
Lors d’une collision avec une automobile, les vitesses relatives sont tout autres ! Prenons l’exemple d’un cycliste roulant à 15km/h percuté par un automobiliste qui, après avoir freiné, serait à 15km/h. Le choc serait d’une telle violence que le casque ne serait pas en mesure d’absorber l’accélération nécessaire pour éviter un traumatisme crânien plus ou moins grave.
Le casque est donc une protection utile en cas de chute seul, beaucoup moins en cas de collision avec un véhicule motorisé.

Le casque est un pansement, il n’est pas une solution. L’unique solution est d’éviter les collisions, mais pour cela il faut que l’Etat mène une politique d’apaisement des transports, une vraie politique cyclable et piétonne.

Pourcentage de décès d’un piéton en cas de collision avec un conducteur motorisé en fonction de la vitesse de ce dernier.

Pour éviter les collisions, et donc les décès et blessés, il faudrait réduire la vitesse des véhicules motorisés, ne plus banaliser l’utilisation d’automobiles pour des trajets inférieurs à quelques kilomètres et surtout rendre la priorité aux piétons et aux cyclistes dans les villes. Passer d’une ville où la machine est reine, à une ville où l’humain reprend ses droits.

Mais finalement, un casque obligatoire, ça ne serait pas pour restreindre simplement l’usage du vélo ?

En haut: carte des pays/états qui ont une obligation de port du casque à vélo.
En bas: carte indiquant les pays/états ayant eu une chute dramatique des déplacements à vélo suite à l’obligation.

8 Comments

  1. NG

    Excellent petit exposé.

  2. polaert

    Pas très cohérente cette conclusion quand on voit que sur les images d’accueil du site les cyclistes portent tous un casque

    • Nicolas

      Les cyclistes qui portent un casque en font le choix, ils n’y sont pas obligés !

  3. Phil Regnauld

    Je vis au Danemark depuis 20 ans, ville cycliste s’il en est une. Une bonne partie (pas la majorité) des cyclistes porte un casque. Souvent les chutes que j’ai pu observer (ou dont j’ai été victime) ne sont pas causées par un véhicule, ou rarement. C’est souvent un pneu qui dérape sur un bord de trottoir, un accrochage entre deux vélos (pistes cyclables bondées le matin) – mais il y a en effet aussi des incidents avec d’autres véhicules – portière ouverte sans regarder, virage à droite (souvent le vélo ne fait pas attention ou vas trop vite). La chute est souvent sur le côté, rarement par dessus le guidon. Donc même si le casque ne protègerait pas d’une collision directe avec un véhicule, c’est l’effet rebond/ricochet (on touche le véhicule, on perd l’équilibre – ou on tombe sur le capot/pare-brise – plus rare), qui fait que la tête va être amenée à taper par terre. Et c’est là que le casque est important.

    Alors, casque (non obligatoire) ET politique responsable (aménagement des pistes cyclables, sensibilisation à la présence des cyclistes pendant la formation au permis de conduire), oui.

    Mais il est absurde d’affimer que le port du casque obligatoire est déstiné à restreindre l’usage du vélo. Par contre, il faut se refuser l’imposition du port du casque comme SEULE mesure des pouvoirs publiques si ça ne s’accompagne pas d’un aménagement des chaussées et une formation des conducteurs.

    PS: une attribution au dessin serait sympa – c’est Wulff & Morgenthaler, dessinateurs célèbres au Danemark, publiés dans Politiken.

    • Nicolas

      Le port du casque à vélo est proposé par le Conseil National de Sécurité Routière qui est composé exclusivement d’automobilistes (pilote de courses motorisées amateurs pour beaucoup) et de motards. Aucun cycliste ni piéton n’est représenté.
      Le casque aurait eu une meilleur place sur la tête des automobilistes qui représente la plus grosse part des trauma crânien en France.
      Formation, c’est le maître mot ! Mais ce n’est pas à l’ordre du jour au CNSR. Notre association va bientôt en proposer pour éviter les collisions et apprendre à chuter _correctement_ (le krav-maga aide beaucoup pour la réception).

      Attribution ajoutée.

  4. Jeanne à vélo

    Bon, c’est confirmé par l’UFC Que Choisir : le casque protège très mal. Cf. article et tests sur les casques enfants dans le numéro de septembre de Que Choisir.

    Par ailleurs, l’association confirme que les normes ne prennent en compte qu’un choc statique. Ils ont quant à eux appliqué une méthode de test qui prend en compte la rotation de la tête.

    Avec le meilleur casque du lot, le risque de blessure grave est encore de 30 %…

  5. Anonyme

    Le casque, en plus d’amortir la décélération (de par le coussinet), permet de répartir le choc sur une plus grande surface du crâne, sans quoi le choc risquerait de rompre la structure du crâne au point d’impact. Mais surtout, le rôle du casque est de filtrer (ce grâce au coussinet + répartition de surface) l’onde de choc qui vient sur une tête non casquée se propager dans le cerveau de façon destructrice. (essayez de taper avec un marteau sur un morceau de bois, puis sur ce même morceau avec entre la masse et le bois une association d’un fin coussinet et d’une surface rigide, vous entendrez la différence).

    Evidemment l’efficacité est limitée si vous vous jetez d’un immeuble avec, mais peut sauver votre cerveau dans le cas des chutes les plus courantes (choc élastique à 15 km/h).

  6. Antho

    Personnellement pour avoir vu démo la démo d’un casque airbag Hovding sur le salon autonomy , je suis hyper fan. La sensation de ne pas avoir de casque tout en étant 8x mieux protéger en cas de chute c’est plutôt bien. Mon seul frein reste l’investissement . Mais pour ceux qui vont au taf en vélo tous les jours je pense que ça vaut le coup.

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